De même que les dimensions de la carène résultent de l’application méthodique de règles de proportion entre la longueur de quille portant sur terre et la largeur et le creux au maître-couple, la dimension des agrès embarqués est le fruit d’un savant calcul de proportions. Ainsi, dans les traités, la longueur d’une poulie ou la circonférence d’un mât ou d’un cordage sont fréquemment exprimées par rapport aux dimensions principales du navire. Il importe en conséquence que l’archéologue connaisse l’existence de ces règles de proportion, mais il ne doit pas négliger pour autant d’observer crûment la réalité historique de l’épave. De la théorie à la pratique, d’un chantier naval à l’autre, de nombreux facteurs économiques et humains, tels que l’environnement technique, la pénurie ou la possibilité de réutiliser certains articles, influent en effet et conditionnent les choix de la construction. 

Dorénavant identifiée comme la frégate royale la Dauphine construite au Havre en 1703, l’épave Natière 1 révèle ainsi des parti pris originaux et des tâtonnements techniques peu orthodoxes. Les données archéologiques mettent de fait en lumière des solutions techniques probablement improvisées sur le chantier par l’un des principaux maîtres charpentiers de Louis XIV. Bâtie quelque 45 ans plus tard, dans un contexte privé, la frégate L'Aimable Grenot paraît à cet égard de facture nettement plus classique, tant dans ses proportions que dans sa morphologie.