La vie en mer est profondément marquée de croyances, de rituels et de superstitions. Dans les tempêtes ou lorsque le vent vient à manquer, loin des côtes et des abris, l’équipage puise dans la piété l’espoir de sa survie et supplie Dieu d’apaiser le courroux des éléments. 

C’est l’ordonnance de la marine du mois d’août 1681 qui créé l’obligation d’embarquer un aumônier à bord de chaque vaisseau voyageant au long cours. Il y est chargé de « dire la messe, d’administrer les sacrements, et faire la prière et les instructions chrétiennes » (Titre II, de l’aumônier, art. 1er). Les aumôniers sont formés à Toulon, Brest et Rochefort dans des séminaires tenus par les Jésuites. Ils offrent à l’Église la possibilité de garder le contrôle sur la population des gens de mer. L’ordonnance pour les armées navales de 1689 stipule que l’aumônier doit dire la messe non seulement les dimanches et fêtes, mais « les autres jours aussi souvent qu'il sera possible ». 

Si l’on ignore si un aumônier était présent à bord de L'Aimable Grenot lors de son dernier voyage, il est en revanche probable qu’un représentant de l’Église avait embarqué sur la Dauphine, même si son nom ne figure pas parmi les signataires du rapport du naufrage (AD35, 9b517, folio 78V-80V). On sait en effet qu'un calice pour la messe figure au titre des effets récupérés sur l'épave en janvier 1705, soit un mois après le naufrage (AN, Marine, AN-Mar_B3-128_F.354V). Au détour des vestiges recueillis sur les deux épaves, on trouve de trop rares et fugaces témoignages religieux, y compris sur des objets profanes. Une assiette, une écuelle ou une cuillère témoignent ainsi, tout autant qu’un crucifix, que la religion accompagnait les hommes, en mer autant qu’à terre.