Activité maritime spécifique du temps de guerre, la course ne doit en rien être confondue avec la piraterie ou la flibuste. Loin de ces pratiques définitivement scélérates, elle est en effet une activité parfaitement légale, contrôlée par le pouvoir royal qui la légitime par l’octroi de « commissions en guerre » autorisant le corsaire, pour une durée généralement courte, de l’ordre de un à quatre mois, à « courir sus aux ennemis de l’état ». 

Déjà structurée au XVIe siècle à Saint-Malo, la course va y connaître à la fin du siècle suivant un développement si considérable qu’elle va définitivement marquer de son empreinte l’histoire maritime de la ville en la portant aux dimensions de la légende romanesque. Il est vrai qu’elle traduit alors une authentique et profonde reconversion stratégique du négoce malouin. Qu’on en juge ! Les meilleurs spécialistes de la course malouine chiffrent à près de 1000 le nombre des armements en course de la seule ville de Saint-Malo au cours du quart de siècle qui mène des premiers jours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) au lendemain de la guerre de Succession d’Espagne (1702-1712) et du Traité d’Utrecht (1713).