Scramasaxe avec éléments de fourreau avant et après restauration, VIIe siècle. © UASD / J. Mangin

Préserver la valeur informative du mobilier

Fouiller une ville conduit à explorer un milieu très complexe, un espace réduit, densément occupé et remodelé au cours du temps par les hommes. Par conséquent, les fouilles en milieu urbain produisent une importante masse documentaire et un abondant mobilier archéologique. Les archéologues n'étant pas en quête d'objets, mais de connaissances, c'est avant tout la valeur informative du mobilier archéologique qu'ils recherchent (en tant qu'instrument de datation, témoignage technique, trace d'activités humaines,...). De plus leurs questions ne portent pas uniquement sur l'objet lui-même mais sur les relations qu'il entretient avec son lieu de découverte et le reste du mobilier qui lui était associé ; le terme "mobilier archéologique" recouvre à la fois des "artefacts" (objets manufacturés) ou des "écofacts" (faune, végétaux,...). Il est indispensable que ce "mobilier" garde tout au long de sa "vie  d'après la fouille" mention du lieu précis de sa découverte. Il est également essentiel de tout mettre en œuvre pour que ce mobilier conserve sa valeur informative et soit accessible tout au long de l'étude. Voilà donc énoncés les principes qui sous-tendent gestion et conservation des collections archéologiques.

Fragments de stucs mis au jour à proximité de l'église Saint-Barthélemy. © UASD / O. Meyer.

La conservation préventive

À Saint-Denis, dès le début de l'opération, s'est posée la question du traitement de la masse du mobilier découvert ; il fut décidé d'y répondre en affectant un poste d'archéologue à sa gestion. Cependant, face à la variété des matériaux recueillis et aux problèmes spécifiques de leur conservation (verres altérés "intouchables", métaux très oxydés, matériaux organiques gorgés d'eau) d'autres compétences furent rapidement nécessaires. C'est ainsi que débuta, à partir de 1980, une fructueuse collaboration entre une équipe archéologique et une filière universitaire intitulée depuis 2005 Master Conservation- Restauration des Biens Culturels. 

Verre archéologique altéré par irisation.© UASD / J. Mangin

Un dépôt archéologique

En 1981, fut installé, dans les locaux d'une ancienne école maternelle mitoyenne du musée d'Art et d'Histoire, un centre de recherches archéologiques avec espaces de travail, ateliers et réserves. Dans cette Maison de l'archéologie, qui abrite depuis 1988 le laboratoire UTICA, s'articulent les différents maillons de la "chaîne opératoire" qui part de la fouille, passe par le traitement des données, la gestion et la conservation des collections, se poursuit par l'étude et la publication scientifique pour aboutir à la restitution des découvertes vers un large public. C'est là qu'est conservée la quasi-totalité du mobilier archéologique issu des fouilles sur Saint-Denis, dans un dépôt organisé en fonction des exigences de la conservation préventive : réserves scindées en plusieurs zones, chacune adaptée à la conservation de matériaux de même nature dont deux sont à climat contrôlé : l'une est affectée aux métaux, avec une humidité relative (HR) de 40%, l'autre aux matériaux organiques avec une HR à 60%. La prise en compte du matériel archéologique dès la fouille, son suivi et la pratique raisonnée de la conservation préventive, ont permis de constituer un fonds archéologique de plus de 40 000 objets remarquables qui constitue une collection de référence sur la culture matérielle au Moyen Âge.

Restauration d'un gobelet carolingien avec des agrafes maintenant le tesson avant collage. © UASD / J. Mangin.