Les travaux au Crac commencent dès 1926, à l’initiative de l’architecte Maurice Pillet. Avec l’intervention de Paul Deschamps, ils prennent une nouvelle ampleur et, surtout, la question de l’avenir du Crac est posée en France. Deschamps juge en effet que la présence d’un village d’environ 500 habitants installé à l’intérieur du château menace la conservation de celui-ci. La seule façon de sauver l’édifice est donc l’expropriation, qui implique l’acquisition du château par la France. Deschamps lance alors un vaste mouvement de sensibilisation de l’opinion, et obtient le soutien d’académiciens (René Dussaud), de sénateurs (Roger Grand) et de députés (Adrien Dariac). Après de longues hésitations, la France consent finalement à acquérir le Crac en pleine propriété auprès de l’État des Alaouites, le 16 novembre 1933. La somme versée, soit un million de francs, sert à indemniser les villageois expropriés. Le Crac est désormais géré comme un monument historique français.

L’acquisition, cependant, ne règle pas toutes les difficultés. Des crédits importants sont nécessaires pour restaurer le Crac et consolider les premières interventions menées sous la houlette de Paul Deschamps. Pierre Coupel, architecte au service des Antiquités, dresse en 1933 les premiers devis, mais l’administration des Beaux-Arts, à Paris, rechigne à ouvrir les crédits nécessaires. Les travaux commencent finalement en 1935, et se poursuivent au long de l’année 1936. En parallèle, la France s’efforce de développer la fréquentation touristique du château, dans l’espoir que les rentrées d’argent permettront de diminuer le montant des crédits à prévoir.

La guerre entraîne cependant un délaissement progressif de l’édifice ; les travaux sont arrêtés, la fréquentation faiblit. Alors que la Syrie conquiert son indépendance en 1946, la France choisit de lui céder le Crac quelques mois plus tard, au début de l’année 1948.