L’avènement de l’islam au Yémen se fait du vivant de Mahomet, avant 632. Le pays sort exsangue de soixante années de crise et d’occupation sassanide ; il est affaibli économiquement et culturellement. La nouvelle religion venue du centre de l’Arabie s’impose sans rencontrer de grande résistance.

Du polythéisme au monothéisme

L’image d’une Arabie dominée par le paganisme à la veille de l’Islam n’a pas de véritable fondement. Elle est une construction de la Tradition opposant à l’action salvatrice du prophète Mahomet une Arabie décadente. L’archéologie et l’épigraphie montrent combien les vieilles religions polythéistes avaient déjà été rejetées par les élites de la majeure partie de l’Arabie. Les monothéismes juifs et chrétiens s’étaient imposés dans les oasis et les grands centres de peuplement. Ils facilitèrent d’autant mieux la réception de cette nouvelle religion.

La conversion à l’islam

Du vivant de Mahomet, Bâdhân, gouverneur perse du Yémen, s’empressa de se convertir à l’islam pour conserver le pouvoir. D’après la Tradition, les premières mosquées yéménites furent fondées par Muadh ibn Jabal, compagnon du Prophète, à Janad, aux environs de Taʿizz et à Sanaa. La mosaïque de tribus yéménites était néanmoins un terreau de querelles intestines, récalcitrantes à toute soumission extérieure. À la mort de Mahomet, les Yéménites abjurèrent en masse et ce n’est qu’une fois passée la répression de l’apostasie qu’ils prirent une part active à la conquête musulmane.