À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les inscriptions monumentales révèlent l’existence de royaumes formés d’une ou plusieurs tribus fédérées. Ces royaumes se distinguent par un panthéon qui leur est propre et, pour les plus importants, par la langue.

Une organisation politique nouvelle

Les premiers royaumes se développent au débouché des principales vallées du pourtour désertique yéménite, avec pour centre de vastes oasis cultivées où résidait l’élite tribale et où les sanctuaires principaux des divinités du panthéon local se trouvaient. Ces royaumes regroupaient une ou plusieurs tribus avec à leur tête un roi. Ils répondaient au nom de Nashshân, Inabbaʾ, Maʿîn, Sabaʾ, Qatabân, Hadramawt, etc.

Le royaume de Sabaʾ à la conquête de l’Arabie du Sud

Au début du VIIe siècle av. J.-C., le royaume de Sabaʾ connut une expansion sans précédent sous le règne de Yathaʿʾamar Watar fils de Yakrubmalik et de Karibʾîl Watâr fils de Dhamarʿalî. L’Arabie du Sud se trouva unifiée pour une courte durée et des modèles architecturaux et artistiques communs se diffusèrent dans l’ensemble de la région et au-delà, jusqu’en Éthiopie. Les deux puissants souverains sabéens sont mentionnés dans les annales royales assyriennes en Mésopotamie. Ils ont laissé un bilan impressionnant de leur règne sous la forme de deux longues inscriptions dans le sanctuaire d’Almaqah à Sirwâh. Les rois de Sabaʾ portaient alors le titre de mukarrib, "fédérateur" ou "roi des rois". À la fin du VIe siècle av. J.-C., le royaume de Sabaʾ déclina au profit des royaumes voisins, Maʿîn et Qatabân.

L’essor du commerce caravanier

Le royaume de Sabaʾ fut l’initiateur d’un commerce caravanier transarabique qui permettait d’acheminer les résines aromatiques, myrrhe et encens, jusqu’au Levant et en Mésopotamie. À partir du Ve siècle av. J.-C., le royaume de Maʿîn en devint le principal acteur, avec la création de comptoirs commerciaux dans toutes les grandes oasis de la péninsule Arabique.

Déclin des royaumes caravaniers

Les IIe-Ier siècles av. J.-C. furent le cadre de bouleversements conséquents. Les oasis demandaient un entretien croissant que les élites n’étaient bientôt plus en mesure d’assurer, entraînant leur déclin. L’équilibre fragile qui présidait aux rapports entre populations nomades et sédentaires se rompit et la pénétration de tribus arabes déstabilisa les royaumes en place. Ceux-ci se scindèrent alors qu’émergeait sur les hautes terres un nouvel acteur promis à la postérité, le royaume de Himyar. Dans cette période trouble, une expédition romaine parvint en 25 av. J.-C. aux portes de la capitale de Sabaʾ, détruisant sur son passage plusieurs oasis majeures du Yémen antique. La carte politique de l’Arabie du Sud et celle du peuplement régional furent transformées en profondeur.

Contributeur(s)