Les prospections n’ont fait qu’effleurer la richesse du patrimoine yéménite. De nombreuses périodes restent mal documentées par l’archéologie, à commencer par l’époque médiévale. Les disparités sont aussi très fortes d’une région à l’autre. Enfin, il faut bien reconnaître que l’histoire du Yémen est bien mieux connue par les données épigraphiques et les sources littéraires.

Ce constat s’explique avant tout par les difficiles conditions d’accès aux grands sites archéologiques, souvent localisés dans des zones reculées, en particulier dans le Jawf et le Hadramawt, et contrôlés par des populations locales restées longtemps hostiles au pouvoir central. Si quelques explorateurs suspectés d’intentions hostiles comme Seetzen en 1811 ou Siegfried Langer en 1882 ont perdu la vie, d’autres ont été accueillis généreusement et ont pu mener leurs recherches grâce à l’aide des populations locales.

Depuis plusieurs années, hélas, la recherche scientifique s’est interrompue au Yémen et trois menaces majeures planent sur le patrimoine :

  • La menace de la guerre qui, depuis l’intervention armée d’une coalition militaire internationale en mars 2015, a provoqué la destruction de musées, sites archéologiques et patrimoniaux ;
  • La menace islamiste qui se traduit par des destructions volontaires et idéologiques ou sous la forme de dommages collatéraux d’attentats terroristes ;
  • La menace du pillage enfin qui affecte depuis plus de vingt ans les sites archéologiques des régions échappant à tout contrôle étatique.

Il faut espérer que l’archéologie retrouve rapidement une place, à condition, bien évidemment, que les drames qui frappent le pays et son patrimoine cessent.