Une incisure dans un os, une fracturation sur os frais peuvent avoir diverses origines et même si nous pouvons nous assurer dans certains cas du traitement d’un os humain par un autre humain, il est difficile de s’assurer précisément de l’activité passée.

S’agit-il de préparer un corps lors d’un rite funéraire sans anthropophagie ? De manger un semblable dans le cadre d’un rituel ? Ou d’une motivation purement alimentaire ? Une action anthropique sur des squelettes humains peut révéler toute une gamme de comportement allant de « l’affectif » à « l’agressif » suggérée par respectivement l’endocannibalisme et l’exocannibalisme.

L’étude du « cannibalisme » chez les Hommes anciens laissera toujours une part de doute et une part à l’imagination. Toutefois, nous pouvons raisonner à partir d’éléments tangibles en notre possession tout en étant prudent. À la Caune de l’Arago, certaines traces et fracturations sur les os humains semblent convaincantes pour les attribuer à l’intervention de l’Homme (non produites pas des carnivores). Cette exploitation apparaît rare et peu intensive. De plus, au regard de la conservation des mandibules et des fibulas dont la quantité bien que réduite est exceptionnelle dans les archives fossiles anciens, nous pouvons nous étonner de la quasi absence, ou l’absence, de vertèbres, de côtes et d’os de mains et de pieds. Tous ces os sont au nombre de 4 au total alors qu’il y a 5 mandibules. Ces informations et celles recueillies sur la faune permettent de supposer que l’Homme a subi un traitement particulier pour lequel l’hypothèse d’une activité non purement alimentaire serait la plus appropriée en l’état actuel de l’étude.

Enfin, le traitement des restes humains à la Caune de l’Arago se distingue clairement de celui des restes humains de la Gran Dolina pour lesquels l’hypothèse du cannibalisme alimentaire a été retenue. Plus récemment les chercheurs espagnols évoquent un exocannibalisme à la Gran Dolina en relation avec des agressions envers d’autres groupes humains.