Les tablettes mises au jour sur le site de Ras Shamra Ougarit sont conservées essentiellement dans différents musées de France et de Syrie.

Longtemps, les épigraphistes chargés de les copier, transcrire et traduire ont œuvré à partir des originaux pour les plus heureux, à partir de moulages quand la qualité de la tablette s’y prêtait, sinon, par défaut, à partir de clichés en noir et blanc des recto, verso et tranches des tablettes. Dans ces conditions, il était normal que l’intérêt des chercheurs se soit limité au texte et à sa présentation (mise en page, empreintes de sceaux, formats etc.).

L’usage de la photographie numérique dès la fin du XXe siècle allait ouvrir aux épigraphistes un nouveau champ de recherche. En effet, cette technique permet de prendre autant de clichés que nécessaire pour chaque tablette, sous des angles et des éclairages différents, de manière à capter le maximum d’informations sur les supports et sur les signes qui les recouvrent. Ces images en couleur, stockées sur disque dur, peuvent alors être largement agrandies pour en scruter le moindre détail ou bien mises à l’échelle pour comparer les tablettes entre elles quel que soit leur lieu de conservation. Chaque signe cunéiforme peut être extrait de l’image et intégré dans des bases de données desquelles, au fur et à mesure des saisies, découlent des indications nouvelles sur les traditions et formations scribales, ainsi que sur les différentes « mains » de scribes. Autant d’indices qui s’ajoutent aux éléments révélés par les textes pour mieux appréhender le fonctionnement des différents « services » du royaume, affiner les questions de datation de certains de ces textes, définir les contours de l’organisation scribale, de son enseignement et de ses liens avec les cultes du royaume.

La mise en parallèle de ces données avec celles issues des photographies numériques de tablettes découvertes dans d’autres sites, plus ou moins contemporains, permet alors d’ébaucher progressivement la carte de la diffusion, de l’implantation et de l’évolution du cunéiforme dans ces régions du Proche-Orient Ancien, du milieu à la fin de second millénaire avant notre ère.

Contributeur(s)