L’organisation politique à caractère impérialiste de l’État assyrien exige un roi de guerre. Le règne de Sargon II est marqué par un bellicisme exacerbé, le roi est constamment en guerre et multiplie les interventions afin de punir ses ennemis, écraser les révoltes et mater les rébellions. Le roi fait la guerre pour accroître le territoire du dieu Assur et acquérir les ressources nécessaires au fonctionnement de l’empire, il en tire également gloire et prestige et une légitimité renforcée. Garant du bien-être de l’État, il s’attache la faveur des dieux et au premier chef, s’assure du soutien du dieu Assur. 

Les massives troupes d'Assur

Sargon II rappelle constamment qu'il est à la tête de massives troupes appartenant au dieu Assur, et qu’elles lui ont été confiées pour écraser l’ennemi. Elles sont  formées de trois types d’unités ; des unités de combats, des troupes du génie (pionniers, sapeurs, mineurs et grimpeurs) et des unités plus spécialisées (devins, spécialistes de conjurations et de rituels, des astrologues, des cuisiniers, des artisans, des bergers et un personnel administratif ).

Unités de combat.

Elles comptent des soldats munis d’une épée, des lanciers, des archers, des cavaliers et des conducteurs de chars. Des troupes d’élite sont également présentes et chevauchent aux côtés du roi lors des batailles. 

- Troupes du génie (pionniers, sapeurs, mineurs et grimpeurs).

Les troupes du génie accomplissent une grande variété de tâches (construction de fortins provisoires, démolition des forteresses ennemies, creusement de tunnels, dégagement de chemins et de passages, destruction de champs, incendies des villes ennemies) et facilitent le déplacement de l’armée par des travaux d’aménagement. Elles favorisent et facilitent le mouvement et le soutien aux unités combattantes et gênent le mouvement des forces ennemies. Indispensables dans cette campagne contre l’Urartu, ces troupes sont particulièrement appréciées par le roi Sargon II, à qui il confie le soin d'assurer la logistique inhérente à la progression des troupes. 

- Unités spécialisées : (devins, spécialistes de conjurations et de rituels, astrologues, cuisiniers, artisans, bergers).

Les devins chargés de consulter les présages et d’effectuer les hépatoscopies participent à la campagne militaire. Ils tiennent informé le roi des desseins divins. Des spécialistes interviennent à différents moments de la campagne. Ils effectuent les offrandes et formulent des prières aux dieux pour les apaiser, en pratiquant plusieurs rituels de purification. L’observation de l’éclipse lunaire et l’interprétation de la configuration zodiacale, avant la prise de Muṣaṣir suggèrent la présence d’astrologues aux côtés du roi. Très certainement l’armée comptait des artisans (entretien de l’équipement militaire), des ouvriers spécialisés (transports du butin, bergers pour les troupeaux amassés, etc.. ) et des cuisiniers.

Le constant soutien d'Assur

Le dieu Assur et le roi entretiennent une relation exclusive. Le dieu se tient aux côtés des troupes lors des batailles, et apporte un soutien à la fois militaire et moral à Sargon II. C'est par la prière que le roi interpelle Assur, qui lui répond en lui octroyant des victoires militaires. 

"(l.124-b) Je l'ai (= Assur) prié à main levée, 

(l.125) Assur mon Seigneur a écouté mon juste propos et il lui a plu ; il accueillit ma requête légitime et il agréa ma prière."

Le corps du roi de guerre

  • Chaque année, lors du Nouvel an assyrien, le roi reproduit une scène mythologique au cours de laquelle, vêtu des vêtements de Ninurta, dieu de la guerre, il poursuit symboliquement un ennemi qu'il terrasse. Cette cérémonie renforce la nature guerrière du souverain.
  • Un autre rituel prévoyait de laver le roi, puis de recueillir les eaux du bain et les différents liquides drainés depuis son corps, dans un récipient. Puis le récipient, symbolisant le mal, est enterré à la frontière de l’ennemi. Ainsi, le mal arraché au roi se déverse sur le sol de l’ennemi. Ce rituel symbolise la déclaration de guerre.
  • Les armes font également l’objet d’une cérémonie préparatoire à la guerre. Elles sont consacrées aux dieux durant un rituel où le roi effectue lui-même les offrandes. Puis les armes sont appelées par leur nom, celle « qui frappe de malédiction le Méchant », ou celle « qui abat tout ». Le roi reçoit ensuite des armes que les dieux ont rendues « amères contre son ennemi ».

Le roi bataille

Lors de la bataille du mont Wa’ush, Sargon II est un adversaire sanguinaire et cruel pour ses ennemis et ses actions sont poussées à leur paroxysme: 

(l.134) je lui infligeai une défaite écrasante et j'éparpillai les cadavres de ses guerriers comme du malt à faire sécher et j'en remplis les hautes terres de la montagne.

(l.135) je fis couler des fleuves de leur sang dans les torrents et je teignis du rouge de la plante-illuru la plaine, la campagne et la base de la montagne

(l.136) les soldats d'élite de son armée, archers, lanciers, je les ai égorgés à ses pieds comme des moutons de sacrifice et je leur ai coupé la tête

(l.142) l'armée de l'Urartu, cet ennemi malfaisant, avec ses alliés, je les ai obligés à battre en retraite et au milieu de la montagne Wa'ush ils ont tourné casaque

(l.143) leurs chevaux ont rempli les ravins des torrents de la montagne, et eux, comme des fourmis affolées se sont répandus sur les sentiers les plus ardus

(l.144) Dans le déchaînement de mes armes puissantes, j'ai grimpé derrière eux et j'ai rempli les montées et les descentes des cadavres de leurs combattants

(l.145) Sur une distance de six doubles-heures du mont Wa'ush au mont Zimur, la montagne du jaspe, je les ai poursuivis de la pointe de mes flèches