Le texte du caillou Michaux est rédigé en langue babylonienne à l’aide de signes cunéiformes dont la graphie est archaïque, afin de se rattacher à une tradition de l'écrit ancienne et prestigieuse. Le texte est un contrat de donation d'une terre agricole par un père, Nirah-nasir, à sa fille Dur-Sharrukinaia'itu. La composition du texte répond à des normes strictes. Les premières lignes sont consacrées à la présentation de la terre qui fait l'objet de la donation. Puis, sont cités les noms du donateur et des bénéficiaires. Un serment est prononcé par le beau-père de la jeune femme et prévoit une série de malédictions divines en cas de violation de la stèle ou de remise en cause de la donation.

Un cadeau de mariage

Selon le contrat, Nirah-nasir donne à sa fille, à titre privé et sans intervention royale, un vaste terroir agricole en cadeau mulugu, à l'occasion du mariage de celle-ci. Il ne s'agit pas de la dot proprement dite, courante en Mésopotamie et qui était gérée par l'époux. Le mulugu, plus rare, était un cadeau à la disposition de l'épouse. Dur-Sharrukinaia'itu a pu rester personnellement chargée de l'administration des terres offertes par son père, phénomène rare dans la Mésopotamie de l'époque récente, où la gestion du patrimoine était généralement entre les mains des hommes. Elle a pu également la déléguer à son beau-père, mentionné dans le texte du caillou Michaux, et qui jure de ne pas réclamer la terre pour lui-même.

Une terre irriguée

La terre agricole est située dans le Bit-Ha(m)ban, une entité politique et administrative cassite située en Babylonie du nord-est, le long du cours du Tigre. Plus précisément, elle se trouve dans la bourgade de Kar-Nabu, terroir entièrement dévolu à l’agriculture irriguée et éloigné des habitations. Elle est située au bord d'un canal. Le champ de Dur-Sharrukinaia'itu mesure 162 hectares, soit 1,62 km2. Sa superficie est importante et permet de tirer des revenus conséquents en céréales.