La description du paysage dans la 8e campagne a pour fonction essentielle de permettre à l’auditoire de suivre et de revivre la progression des troupes royales et les grandes étapes de la campagne.

Paysage & environnement 

Des milieux divers 

Sargon II et son armée traversent des paysages extrêmement divers, allant des plaines semi-arides de Mésopotamie, aux massifs rocailleux des rivages nord du lac d’Ourmia. Le trajet comprend également plusieurs tronçons situés en haute-montagne, et d’autres, situés dans des régions de plateaux, parcourus par des torrents et de nombreux cours d’eau. Les troupes traversent également des forêts et parcourent des prairies, et des champs cultivés.  Des espèces d’arbres fruitiers sont encore en fleur, au cours de l’été, coïncidant avec le début de la campagne, et, dès l’automne, le paysage regorge de fruits qui coulent comme des gouttes d’eau du ciel. L’atmosphère devient parfois inquiétante et l’on ressent la crainte et la peur des troupes face à la morphologie des paysages. Le récit tend à montrer que les territoires traversés par le roi et ses troupes se trouvent aux confins du monde habité. Ainsi, au fur et à mesure que l’on s’éloigne des plaines  de Mésopotamie, on pénètre dans un territoire dont l’entendement géographique relève du divin.

Bruits et senteurs

Les orages d’été sont particulièrement puissants dans la région et terrifient les Assyriens qui préfèrent y voir le soutien du dieu de l’orage Adad. En montagne, les bruits effectués par les chutes d’eau et les cascades, ainsi que le bruissement des arbres, amplifiés par les échos, impressionnent considérablement le roi et son armée. Le récit restitue aussi une atmosphère olfactive, en décrivant, avec soin, les odeurs propres à chaque territoire. Les massifs montagneux particulièrement boisés ou les jardins de Rusa Ier à Ulhu, dégagent des odeurs agréables qui plaisent au roi d'Assyrie. Il en va de même pour plusieurs essences d’arbres et de plantes aromatiques rencontrées tout au long du parcours.

(l.324)  Entre les monts Sheyak, Ardikshi, Ulayu et Alluriyu, de hautes montagnes, 

(l.325) disposées en rangées accidentées, hérissées d'innombrables saillies rocheuses et qui n'offraient aucun passage entre elles, même à des hommes à pied.

(l.326) Des torrents impétueux y avaient creusé leurs ravins ; le rugissement de leurs rapides faisait un bruit de tonnerre jusqu'à 1 double-heure de distance, comme le dieu Adad.

(l.327) Les montagnes étaient couvertes, comme une cannaie épaisse, de toutes sortes d'arbres utiles, porteurs de fruits et de vignes, mais, pour celui qui abordait leur entrée, elles étaient remplies d'angoisse.