Le sanctuaire d'as-Sawdâ' s'inscrit dans une série de temples de l'époque archaïque (VIII-VIe siècles av. J.-C.), malheureusement peu connue. Un autre temple intra-muros à as-Sawdâ', dédié à Aranyada', daté du milieu du VIIIe siècle av. J.-C., a certes été identifié mais non fouillé.

Le sanctuaire de Ma'în (l'antique Qarna)

Seul le sanctuaire extra-muros de Ma'în offre quelques comparaisons avec celui d'as-Sawdâ'. Il comprend: un portique monumental d'entré (encore bien conservé), un passage étroit menant à une cour centrale bordée de portiques, un dispositif oriental assez similaire, mais surtout une programme décoratif similaire à celui d'as-Sawdâ' : lances, chevrons, bouquetins, personnages féminins, etc. Ces motifs incisés couvrent non les piliers du portique d'entrée mais ceux de la cour centrale.

Le temple extra-muros de Ma'in

1989 © Mission archéologique française dans le Jawf / cl. Jean-François Breton.

Le sanctuaire de Khirbat Hamdân (l'antique Haram)

À Khirbat Hamdân, l’antique Haram, situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de Nashshân, Joseph Halévy en 1872 reconnut sur le flanc est du tell « seize stèles, dont l’une est brisée, formant deux rangées et aboutissant à une porte en pierre. Les stèles s’élèvent généralement à 2,60 m au-dessus du sol […] La plupart des stèles portent une ou même deux inscriptions, dont la plus belle figure sur la première stèle à gauche, en face de la ruine ».

De nos jours, ce grand sanctuaire est en grande partie ruiné. Le mur d’enveloppe du temple ne se suit plus en surface. Il reste, effondré vers l’est, un portail aux deux montants moulurés, et un linteau monolithe de 4,00 x 1,14 m. A 2,92m plus à l'est, on voit un autre linteau monolithe (5,05 x 0,90 x 0,50 m d'épaisseur) brisé en deux, et quelques dalles de couverture.

Les descriptions des voyageurs et les quelques blocs gisant au sol permettent de restituer, dans ses grandes lignes, un bâtiment assez similaire à celui Nashshân. Le mur d’enveloppe était donc perce à l’ouest d’un portail encadre de deux piliers, puis se retournait vers l’est pour former un passage couvert encadré de deux autres piliers. Compte tenu de la disposition des blocs, on peut raisonnablement supposer que le portail mouluré, était l’un de ces portails et que l’un d’entre eux comportait les deux dédicaces gravées de part et d’autre, l’une dextrogyre, l’autre sénestrogyre, comme à Nashshân. En arrière, le second portail donnait accès à une cour rectangulaire, bordée de deux portiques latéraux, au nord et au sud, soutenus par deux rangées de 8 piliers. Le grand portail décoré devait donc se trouver à l’est de la cour ; haut de 4,45 m, il était supporté par deux piliers moulures, hauts de 3,39 m, larges d’au moins 1,00 m, distants de 1,33 m, et partiellement engagés dans la maçonnerie des murs. Enfin, à moins d’une fouille, le dispositif cultuel à l’ouest demeurera inconnu. Quant à la couverture des portiques, la similitude des dalles avec celles du temple de Nashshân permet d’en restituer une du même type.

Le décor du portail oriental s’inscrit dans la même tradition décorative que celle des piliers de Nashshân : ses montants montrent une superposition similaire d'ibex accroupis, de serpents enlacés, d'ibex affrontés, d’arbres effilés, de personnages, de têtes d'ibex vues de face, de serpents enlacés, d’autruches, de lances (?), d'ibex passants et de fruits aux longues tiges. Les seules variantes se situent dans la partie centrale du linteau où le registre des personnages comporte des tiges ordonnées symétriquement où picorent des oiseaux.

Les dédicaces de l’entrée rapportant que « Yahar’îl a construit de neuf Hadanân », sont sans doute antérieures au souverain Yadhmurmalik qui règne sur la ville de Haram au VIIIe siècle av. J.-C. La similitude de leur graphie avec celle des inscriptions de Nashhshân autoriserait à attribuer à ce sanctuaire, dénommé Hadanân et dédié à Matabnatiyân, une date aussi haute que celle du temple de Nashshân, soit le VIIIe siècle av. J.-C.

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