Il y a 6 500 ans

Mégalithes du Morbihan

Aux Ve et IVe millénaires avant J.-C., le long des rives du Morbihan, 14 000 stèles en pierre et 350 tombes se déploient sur près de 100 km². Ce complexe architectural, toujours en élévation, est le plus ancien d’Europe. Il témoigne de l’existence d’un pôle de pouvoir et de richesse majeur aux temps des premières sociétés agropastorales.

Alignements de Carnac

Si les menhirs de Carnac jouissent d’une notoriété internationale, ils n’avaient fait l’objet d’aucune investigation d’envergure depuis 1942. Il a fallu attendre les années 1990 pour que reprennent des programmes de recherche sur les alignements de pierres dressées. Ces travaux ont enfin porté leurs fruits, produisant un nouveau modèle d’interprétation et confirmant le caractère exceptionnel de ce territoire.

Un territoire archéologique d’exception

Autour de trois tombes géantes, les plus anciennes connues à ce jour (4500 avant J.-C.), s’organise un réseau de 950 sites d’une diversité remarquable. Parmi eux : un continuum de pierres qui serpente sur 15 km ou encore un bloc de 300 tonnes, déplacé sur plus de 5 km, avec franchissement d’une rivière.


Tout aussi étonnants sont les objets archéologiques découverts sur ce territoire : des pierres polies en roches précieuses (jade, variscite et turquoise, fibrolite) de provenance lointaine sont thésaurisées en des proportions records en Europe. Elles sont placées dans les sépultures les plus prestigieuses ou enfouies en des points clés du paysage. 


Certaines constantes (lignes de partage des eaux, affleurements rocheux…) guident leur implantation, tout comme celle des architectures mégalithiques. Et c’est vers une géographie du sacré, doublée d’un culte de l’ancêtre, que s’orientent les interprétations récentes.

Spectroradiométrie et relevés 3D 

Des recherches pluridisciplinaires sont à l’origine de ces nouvelles données. La signature géochimique du jade et de la callaïs, mise en évidence par des études spectroradiométriques, a notamment révélé des provenances italiennes, suisses et espagnoles, avec des distances de circulation atteignant les 1200 km !


Les nouvelles technologies de l’image (lasergrammétrie, images compilées sous éclairages obliques…) ont permis un enregistrement actualisé des nombreux signes figurant sur les stèles ou les parois des tombeaux. Un corpus de 158 dalles gravées lève le voile sur les mythes à l’œuvre en Armorique, à l’aube du Néolithique.

Vers une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco

Ces recherches ont mobilisé, de façon exemplaire, l’ensemble des acteurs de l’archéologie française :

  • CNRS (Serge Cassen, Pierre Pétrequin)
  • Service Régional d’Archéologie/DRAC Bretagne (Christine Boujot, Yves Menez)
  • Universités de Rennes-1 (G. Querré) et de Nantes (Valentin Grimaud, LARA)
  • Musées (Musée de Préhistoire de Carnac, musée d’Histoire et d’Archéologie de Vannes)
  • Centre des Monuments nationaux (CMN) : les alignements de Carnac, les mégalithes de Locmariaquer
  • Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)
  • Service départemental d’archéologie du Morbihan (SDAM)
  • Chercheurs associés à l’UMR 6566, les prospecteurs (C. Obeltz, O. Celo)
  • Sociétés savantes (Société Polymathique du Morbihan).

Leurs contributions constituent le fondement d’un dossier de demande d’inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco, sous la présidence scientifique d’Yves Coppens. Cette candidature est portée par 27 communes, réunies dans l’association Paysages de Mégalithes.

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