Le Moyen Âge

Le Moyen Âge désigne en Occident la période comprise entre l’Antiquité et l’époque moderne. Le Moyen Âge s’étend du Ve au XVe siècle, soit environ 1000 ans.

Il doit son nom aux hommes de la Renaissance qui le percevaient comme une parenthèse médiocre, barbare (usage du terme « gothique ») après l’âge d’or de l’Antiquité gréco-romaine.

L'histoire du Moyen Âge

L’histoire de cet « âge moyen » est pourtant loin d’être homogène. Les historiens le divisent encore souvent en trois grandes parties : le haut Moyen Âge (Ve-Xe ou XIe siècles), le Moyen Âge central ou classique (XIe-XIIIe siècles) et le bas Moyen Âge (XIVe-XVe siècles) ; tandis que les archéologues le résument à deux périodes : le « premier » (Ve-XIe siècles) et le « second » Moyen Âge qu’ils font durer jusqu’au XVIe siècle. 

L’empire romain d’occident est dissous en 476, après des décennies de déstabilisation provoquées par les grandes migrations de peuples venus de l’est (Francs, Wisigoths, Vandales, etc.). L’Empire est alors divisé en royaumes dits barbares et bientôt chrétiens. Les Francs s’implantent durablement en Gaule dès 486 avec Clovis, qui se convertit au christianisme à la fin de son règne. Avec lui s’installe la famille des « mérovingiens » (dont le nom vient d’un ancêtre mythique, Mérovée). À partir de la fin du VIIe siècle, leur puissance décline au profit de celles des plus hauts dignitaires du royaume : les « maires du palais ». L’un d’eux, Pépin le bref, dépose le dernier roi mérovingien et prend le pouvoir en 751, établissant ainsi sur le trône une nouvelle famille franque : les « carolingiens » (du nom de son ancêtre Charles Martel). Le règne du fils de Pépin, Charlemagne, de 768 à 814, marque l’apogée de la période. Ses conquêtes militaires à l’échelle européenne lui permettent de faire renaître en Occident la notion d’empire autour d’un Occident chrétien dont la capitale n’est plus Rome mais une ville de Germanie : Aix-la-Chapelle. Les pratiques successorales des Francs conduisent à une division rapide de l’empire, donc la partie ouest se détache durablement sous le nom de Francie occidentale. Les rois voient leur influence diminuer au profit des princes territoriaux à qui ils ont délégué une partie de leur pouvoir et qui se révèlent plus efficace dans la lutte contre les attaques extérieures comme celles des Vikings. En 987, Hugues Capet, choisi pour succéder au dernier carolingien direct de Francie, en est le représentant, sans imaginer que la lignée se maintiendra jusqu’à la fin du Moyen Âge.

L’archéologie perce à jour le haut Moyen Âge

Le haut Moyen Âge, et surtout la période mérovingienne, a longtemps été considéré comme une époque sombre et barbare, faite d’instabilité politique et de combats fratricides entre souverains. Depuis les années 1990, les découvertes archéologiques révèlent au contraire une société rurale dotée d’un grand savoir-faire technique, mêlant héritage antique, influences germaniques et religion chrétienne. Les villes, anciennes cités gallo-romaines, à l’abri de leurs enceintes, ont conservé une partie de leur rôle administratif grâce à la création, au cours de l’Antiquité tardive, des évêchés dont elles sont le siège, jouant un rôle essentiel dans la diffusion du christianisme. Elles conservant leur fonction économique. Si les voies commerciales héritées des Romains et orientées vers la Méditerranée perdurent, à partir du VIIe siècle les échanges s’intensifient avec le Nord de l’Europe, comme en témoigne le rayonnement de grands ports carolingiens sur la mer du Nord.

Une société essentiellement rurale durant le Moyen Âge

La population est en très grande majorité rurale et l’archéologie révèle une population vivant dans des exploitations isolées ou groupées en hameaux. Les parcelles cultivées par de petits propriétaires côtoient les grands domaines possédés par le fisc, l’église et l’aristocratie. Les cultures associent céréales, légumineuses et plantes textiles, ainsi que cultures potagères, fruitiers et plantes médicinales. La vigne est cultivée pour produire le vin, boisson encore réservée à l’élite. L’élevage repose surtout sur la triade bœuf – porc – caprinés (mouton et chèvre) ainsi que sur les volailles. L’artisanat, dont les ateliers sont présents dans les agglomérations et les grands domaines ruraux, reflète une grande variété des maitrises techniques. Les Mérovingiens développent à un haut degré de technicité le travail du métal et excellent dans la fabrication de bijoux et d’accessoires vestimentaires très colorés, décorés selon des procédés diversifiés comme le cloisonné ou la damasquinure. On retrouve leurs productions dans les vastes nécropoles rurales des VIe et VIIe siècles, où le défunt est inhumé habillé, dans un cercueil ou un sarcophage, voire une chambre funéraire, avec des objets de parure, des accessoires vestimentaires et parfois des armes, de la vaisselle et des meubles qui marquent l’identité sociale et culturelle du défunt. Au tournant du VIIe siècle, le christianisme se répand dans les campagnes : de nombreux monastères sont fondés et les élites rurales construisent des chapelles privées dans les nécropoles. L’inhumation habillée et le dépôt d’objet dans les tombes se raréfient alors progressivement, pour disparaitre au siècle suivant. À partir du Xe siècle, la diversité des lieux et modes de sépulture disparaît et l’inhumation dans le cimetière entourant l’église paroissiale devient la règle.

Le système féodal organise la société

À la fin de la période carolingienne, cette société chrétienne devient « féodale » ou « seigneuriale ». Le système de la seigneurie organise les rapports entre les trois corps sociaux (« ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui travaillent »). L’un de ses symboles est le château dont les constructions se multiplient entre le Xe et le XIIe siècle. À partir du XIIe siècle, le second Moyen Âge est marqué par l’évolution du cadre construit au cours du premier Moyen Âge. Il est marqué par un rétablissement progressif de l’autorité royale sur le royaume de France et, en fin de période, la naissance de l’État moderne. L’essor économique et démographique profite à la ville et aux échanges : les villes connaissent un essor sans précédent marqué par la construction de nouvelles lignes de défense successives, leur réseau est densifié par l’apparition de nouveaux centres urbains et la multiplication des villages, souvent nés autours de marchés ou d’axes majeurs de circulation. Les productions rurales doivent s’adapter aux nouveaux besoins d’une population où la part des paysans diminue. Les innovations techniques se multiplient et les milieux naturels sont de plus en plus contraints (défrichements, assèchements, exploitations des ressources naturelles) pour satisfaire la consommation d’une population plus urbaine. La multiplication des moulins à eau en témoigne : permettant de produire la farine indispensable à la consommation des villes, mais leur utilisation pour la fabrication du fer favorise la marche vers l’industrialisation. Si les crises de la fin du Moyen Âge : guerres, crises religieuses, grandes épidémies comme la Peste de 1348, mettent un frein à cet essor, elles débouchent finalement sur le renforcement de la notion d’État (par exemple reprise en main des frappes monétaires par le roi), confortent l’essor urbain et poussent à l’innovation (par exemple l’essor de l’artillerie qui génère une nouvelle chaîne opératoire). Le Moyen Âge se termine dans un contexte européen qui voit disparaître à l’est, en 1453, l’Empire byzantin, dernier vestige de l’Empire romain, et apparaître, à l’ouest, en 1492, le Nouveau monde, puissant vecteur d’accélérations des mutations en marche, mal résumées par la notion de Renaissance, période qui n’est pas seulement marquée par un héritage antique censé avoir été oublié.