Deux roches et deux épaves

Situées en bordure immédiate du principal chenal d’accès au port de Saint-Malo, ne découvrant que lors des basses mers de vive-eau, les deux roches nord et sud qui forment le banc de la Natière offrent un excellent exemple de ce qu’il est convenu d’appeler un piège à bateaux. Aussi, n’est-il pas surprenant que le site découvert en 1995, au pied des roches, par le chasseur sous-marin Jean-Pierre Génar, ait finalement révélé non pas une mais deux grandes épaves parallèlement alignées et bientôt désignées, par commodité, Natière 1 et Natière 2. La topographie des roches de la Natière et la présence d’une plaine sableuse immédiatement contiguë ont garanti une excellente protection aux deux épaves. 

Une troisième épave au nord ?

Les investigations menées sur la zone ont conduit dès les premières expertises à la découverte d’un autre ensemble architectural immédiatement au nord de la roche nord. Plus exposé au courant et reposant à fleur de sable, cet ensemble est également beaucoup moins bien conservé que ceux des épaves Natière 1 et Natière 2. L’étude archéologique a permis de déterminer en 2008 que ces vestiges, longtemps individualisés sous le nom de Natière 3, constituent très probablement une partie du flanc bâbord de l’épave Natière 2.

Un projet de fouille conduit sur dix ans

Compte tenu de l’extension des vestiges répartis sur près de 1 000 m2, de la profondeur du site, qui varie selon les marées entre 8 et 19 m, et des conditions de plongée qui limitent le travail sous-marin aux seules périodes d’étale de courant, l’analyse archéologique du site a réclamé dix campagnes de fouille successives. Débuté en 1999, le chantier s’est définitivement achevé en 2008.