Le portrait des épaves de la Natière s’est progressivement esquissé au cours de la fouille. Surgie du sédiment, la vision de deux frégates, originaires du quart nord-ouest de la France, s’est imposée au fil de l’enquête archéologique. Classés, hiérarchisés et interprétés, les indices ont peu à peu pris du sens et permis d’individualiser les deux épaves. D’interprétations erronées en fausses déductions, de corrections en maturations, les données archéologiques ont ainsi fini par livrer un portrait robot fidèle des deux épaves. 

On a ainsi appris que la frégate Natière 1 a coulé peu après 1702/1703 et qu’elle avait eu des contacts avec le Havre, Saint-Malo et l’Angleterre. Dotée d’une membrure légère et espacée qui contribuait à en alléger la coque, elle bénéficiait d’une vaste cale et d’un pont solide apte à supporter une forte artillerie. Son armement, le profil de la coque et l’usage des avirons révèlent le portrait d’un navire à la fois offensif et maniable. On a su par ailleurs que la frégate Natière 2 s’était, pour sa part, perdue peu après 1748, qu’elle avait des liens avec Saint-Malo et un portrait d’homme contemporain en guise de figure de proue. Elle parait plus imposante que Natière 1, avec sa lourde membrure, ses deux ponts et ce en dépit d’une moins grande artillerie. 

Dernière étape, il importait alors de croiser ces portraits-robots avec les sources d’archives afin de restituer leur nom aux deux navires coulés à la Natière.