Les composants irréductibles du gréement d’une grande frégate, à savoir les voiles et la mâture (mât de beaupré incliné sur l’étrave, mât de misaine au tiers avant, grand mât au centre, mât d'artimon sur l’arrière), ne sont qu’exceptionnellement conservés sur les épaves.

La Natière n’a malheureusement pas dérogé à cette règle et l’on devra cette fois encore emprunter pour beaucoup nos connaissances aux sources iconographiques, aux traités et aux représentations picturales parfois très détaillées de l’époque. Bien plus anonymes et largement moins documentés par ces sources exogènes sont les innombrables articles du gréement, poulies, caps de mouton, pommes à passer, colliers de racage, cabillots, moques, quinçonneaux ou margouillets…, qui sont pourtant indispensables à la manœuvre des voiles. On sait ainsi que des dizaines de kilomètres de cordages en chanvre étaient nécessaires aux gabiers et maîtres voiliers d’une frégate et que près de trois cents poulies étaient simultanément utilisées à bord, cependant qu’un nombre non moins important d’icelles demeuraient en soute, en rechange. Prodigues en la matière, les fouilles de la Dauphine et de L'Aimable Grenot ont livré quantité de précieux témoignages de ces ouvrages du gréement. Ils composent ainsi, avec 579 individus sur un total de 3017 objets inventoriés (soit 19% du total), la seconde famille d’artefacts la mieux représentée sur le site, immédiatement après les objets participant du service des aliments.

La hauteur d’un pas !

La localisation des enfléchures a été rendue possible par l’observation, lors de la fouille, de nœuds régulièrement espacés sur les haubans des deux épaves. La distance entre ces nœuds est de 35 cm sur l’épave Natière 1 et de 40 cm sur l’épave Natière 2, ce qui dénote des enfléchures plus hautes à bord de l’Aimable Grenot. Ce détail relève probablement d’une pratique différenciée, voire d’une évolution de cette pratique, plutôt qu’elle ne révèle une évolution morphologique des marins.

© Damien Sanders. MCC/DRASSM