Les points forts du négoce

Implantée sur un site maritime singulier dont la géographie complexe, sinon inhospitalière, s’est pourtant révélée au cours des siècles un atout exceptionnel, la bourgeoisie marchande malouine a progressivement étendu aux XVIIe et XVIIIe siècles son activité maritime à la planète entière. Il n’est guère en effet d’horizon que ses navires ne côtoient et il est de pratique pour les fils des Messieurs de Saint-Malo d’aller durant quelques années s’établir dans l’un de ses lointains comptoirs, tout particulièrement andalous, où les Malouins tiennent régulièrement commerce.

Enfermée dans ses murs, la ville ne possède pourtant pas, contrairement à Nantes, la grande rivale bretonne, de manufacture dont les productions puissent légitimement justifier la croissance de ses trafics portuaires. Mais le rapide développement des armements maritimes, au commerce ou à la pêche, qui concourt à soutenir la démocratie urbaine, génère parallèlement la consolidation d’un marché de consommation qui justifie lui-même un commerce d’importation non négligeable, produits alimentaires, matériaux de construction, bois à bâtir… Des centaines de barques venues souvent des côtes proches de Bretagne ou de Normandie, mais parfois de bien plus loin, assurent ce trafic dans une proportion qu’André Lespagnol, le grand spécialiste du commerce malouin de la période, estime croître de 15 à 25 % du trafic portuaire global entre 1680 et 1725.