C’est leurs canons surgissant du fond qui ont permis en 1995 de localiser les épaves de la Natière. Ce n’est que justice car l’artillerie constituait assurément un élément phare des deux frégates. Trente canons de batterie en fonte de fer et quatre pierriers en fer forgé ont été décomptés sur l’épave de la Dauphine, tandis que sept canons seulement et un pierrier en fonte de fer ont été mis au jour sur L'Aimable Grenot. Successivement donnée pour 40 puis 28 canons en 1747 et 1748, la frégate granvillaise a sans doute été déchargée d’une partie de son artillerie lorsqu’elle a été armée au commerce, après le traité d’Aix-la-Chapelle qui marqua en octobre 1748 la fin de la guerre de la Succession d’Autriche. On peut également présumer qu’une partie de ses canons a été récupérée au lendemain du naufrage.

Autour des canons tombés à l’aplomb de leur position en batterie, la fouille a révélé l’ensemble des ustensiles indispensables à leur fonctionnement : affûts, boulets ronds et boulets à deux têtes, refouloirs et éponges, coins de mire, boutefeu, cuillère à poudre, couvre-platines, porte-gargousses… L’étude de ce mobilier a permis de mieux appréhender et comparer le service du canon à bord d’une frégate royale en 1704 et d’une frégate marchande en 1748. 

Sur la Dauphine, l’analyse, lors de la fouille, de la position respective des éléments du service des canons et de l’armement embarqué a permis de distinguer les canons chargés en lest de ceux qui étaient placés en batterie. Elle a aussi contribué à préciser l’emplacement des différents canons installés aux sabords. La salle du capitaine d’armes et la soute aux poudres ont été localisées à l’arrière des deux épaves.