L’usage du tabac à fumer, à bord des vaisseaux du roi, est sévèrement réglementé par l’ordonnance pour les armées navales de 1689 :

« Deffend Sa Majesté à toutes personnes de prendre du tabac en fumée avant le soleil levé, ny après le soleil couché, ny même pendant qu’on célèbrera la Sainte Messe ou que l’on dira les prieres ; et ceux qui en voudront prendre dans les heures permises, se retireront vers le mast de misaine, & n’en pourront prendre ailleurs, & auront devant eux une baille remplie d’eau pour éviter les accidens du feu » (Livre IVe, Titre III, La police sur les vaisseaux, art. XIX) ».

En outre, la peur des incendies explique sans doute la popularité à bord du tabac à priser, voire de la chique. Pour autant, la fouille a mis au jour sur les épaves de la Natière de multiples attestations de pipes en terre, preuve s’il en est que le tabac à priser n’y a pas remplacé, loin s’en faut, l’art de la pipe ! 

Les épaves ont livré plusieurs objets liés à la pratique du tabac. Alors qu’elle est de grand format et d’usage apparemment collectif sur L'Aimable Grenot, la râpe à tabac de la Dauphine a été sculptée, sans doute par l’un des marins du bord, en forme de petit bateau. Une boîte à tabac en étain, munie de son dispositif de presse, a par ailleurs été trouvée sur l’épave de L'Aimable Grenot. Enfin, la Dauphine a livré un extraordinaire étui à pipe méticuleusement sculpté en forme de pistolet. Dans cet étui se trouvait encore rangée la pipe du propriétaire !