Plan du secteur de la première fortification et de la salle hypostyle. Indication (en bleu) des remplois du premier âge du Fer.

En remploi dans les constructions de l'habitat 2 bâties sur ou à proximité immédiate de l'ancienne ligne de défense du premier habitat, plusieurs éléments architecturaux ont appartenu à un ou des édifices cultuels antérieurs.

Ceux-ci sont évidemment démantelés au moment de l'édification du second habitat (vers-150), mais rien n'exclut que les éléments concernés aient déjà pu être réutilisés en partie ou totalité dans les élévations de la première fortification (mise en place vers -175). Il s'agit d'éléments de piliers et de linteaux en calcaire fin de Bibemus, appartenant à un ou plusieurs portiques cultuels, décorés de gravures, de bas-reliefs, d'entailles céphaliformes et sans doute de motifs peints.

Ils sont réutilisés pour l'essentiel comme stylobate de façade, bases de pilier et banquette dans l'aménagement de la salle hypostyle. D'autres fragments sont intégrés dans le radier de la voie 6 et dans les murs de proximité. À ces éléments de portiques s'ajoutent des fragments de stèles quadrangulaires, non chanfreinées et à base rustique.

Portiques et stèles sont les éléments caractéristiques d'aménagements cultuels connus dans le Midi méditerranéen, principalement dans la basse vallée du Rhône au cours du premier âge du Fer voire au début du second. Comme à Entremont, ces blocs sculptés ont tous (ou presque) été découverts en remploi.

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Vue d'ensemble et détail du pilier architectural aux têtes humaines en relief dans le creux, figurations symboliques sans bouche des mânes des disparus de la communauté ou d'un groupe familial.

Vues d'ensemble d'une stèle-pilier retaillée avec des têtes humaines ici pourvues de bouche, piquetées et incisées, sur deux faces.

Les réutilisations les plus anciennes sont datées des alentours de -500 avant notre ère, suggérant leur usage au moins dans le courant du VIe s. Les entailles céphaliformes sont destinées à recevoir des crânes humains ou des éléments de ceux-ci. On perçoit aujourd'hui ces expositions non comme des trophées guerriers exhibés et qui auraient été accompagnés de simulacres sculptés, mais comme des porte-reliquaires intégrant une partie des crânes de personnages honorés ou héroïsés inclus dans des reconstitutions réalistes en argile peinte.

Ainsi s'expliquerait mieux le soin apporté à la réalisation des entailles souvent peu profondes et de leur environnement, avec des simulacres de têtes simplifiées, sculptées ou gravées. À Entremont, ce rappel du monde des défunts est accompagné d'épis de blé, symboles de fertilité et de renouveau par la réincarnation, croyance profondément ancrée dans la spiritualité des Celtes.
Le choix spiritualiste des motifs et le style de leur expression conduisent à penser qu'une large part des vestiges réemployés (en particulier ceux décorés) ont très certainement appartenu à un complexe cultuel du premier âge du Fer. Ce dernier aurait été établi à l'emplacement des futures agglomérations ou à proximité immédiate du plateau.

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Élément de linteau avec entailles céphaliformes et simulacre sculpté intermédiaire.

Fragment de pilier avec figuration d'épis de blé.

Élément de linteau avec figuration d'un serpent en bas-relief.