Le baron Guillaume Rey (1837-1916)

C’est au baron Guillaume Rey, géographe et membre de la Société savante des antiquaires de France, que l’on doit les premiers documents archéologiques sur le Crac des Chevaliers. Dans son Étude sur les monuments de l’architecture militaire des croisés en Syrie et dans l’île de Chypre  (1871), des dessins d’après photographies, des restitutions en vue cavalière, des coupes et des plans accompagnent l’analyse du monument, et donnent à voir le château tel que ce grand érudit l’imaginait au temps des Hospitaliers. Ces documents, qui furent utilisés par la suite par des orientalistes tels que Max van Berchem dans son Voyage en Syrie, ou encore par T. E. Lawrence (Lawrence d’Arabie) dans sa thèse Crusaders Castles  (1936), servirent de référence jusqu’aux travaux de Paul Deschamps.

À l’époque du mandat français sur la Syrie et le Liban (1920-1946), la création d’un service des Antiquités fut à l’origine d’un important développement des missions  archéologiques à partir de 1920. C’est dans cet élan que s’inscrivent les recherches de Camille Enlart et de Paul Deschamps sur l’architecture des croisés.

Camille Enlart (1862-1927)

À l’invitation du haut-commissariat de la République française, l’historien de l’art Camille Enlart, spécialiste du Moyen-Âge, se rendit en Syrie entre 1921 et 1922 pour y étudier l’architecture religieuse des croisés, accompagné de l’architecte Roger Jusserand. Son étude fut publiée juste avant sa mort, en 1927, dans un ouvrage intitulé Les Monuments des croisés dans le royaume de Jérusalem. Architecture religieuse et civile. Il y aborde la sculpture et les éléments de modénature du Crac des Chevalier, notamment ceux de la chapelle, de l’appartement du maître et de la grand'salle.