Le village de Qalʿat-al-Mudiq occupe le sommet d’un tell qui domine la large vallée du Ghab, aménagée et systématiquement mise en culture au cours du XXe siècle. Les ouvrages défensifs qui couronnent le plateau sommital ont été étudiés pour la première fois en 2001 et 2002 par une équipe de chercheurs français conduite par Nicolas Faucherre (aujourd’hui professeur au LA3M, Université d’Aix-Marseille), dans le cadre d’une mission financée par le MAEDI avec le soutien du Centre d’études supérieures de la civilisation médiévale (CESCM) de l’Université de Poitiers. L’équipe, composée de Philippe Dangles, Nicolas Prouteau et Cyril Yovitchitch, a été accueillie par la mission belge du Pr. Jean-Charles Balty, qui étudiait depuis plusieurs décennies la cité voisine d’Apamée.

Le tell constituait probablement la citadelle de la ville hellénistique, mais son occupation anthropique est bien plus ancienne . Les restes d’un ouvrage en brique de terre crue du IIIe millénaire ont été mis en évidence à proximité de la porte moderne du bourg. Des éléments d’outillage lithique préhistorique ont également été retrouvés à la base du tell.

Les objectifs de la mission française s’inscrivaient dans une démarche plus large visant à enrichir le corpus des fortifications islamiques dans le contexte des Croisades. Les travaux conduits à Qalʿat-al-Mudiq ont d’abord consisté à inventorier et relever l’ensemble des constructions à usage défensif de l’enceinte sommitale du tell, ainsi que différents ouvrages associés découverts à cette occasion. Les vestiges sont en effet aujourd’hui pour la plupart sertis dans le bâti villageois, occupés comme habitations, remises, étables etc. La bienveillance de la population locale a été déterminante pour leur exploration.

Grâce à l’analyse des ouvrages, défenses et techniques visibles sur le site, il a été possible de confirmer que la grande majorité des ouvrages encore en élévation dataient des campagnes de remise en défense menées par les sultans ayyoubides d’Alep et leurs affidés (fin XIIe s.-premier XIIIe s.). Le dispositif élaboré de la porterie a notamment été étudié, révélant plusieurs états successifs d’aménagement de l’entrée, le plus ancien probablement attribuable à l’occupation tardo-byzantine de la région (Xe-XIe siècles).

Dans l’ensemble étudié, divers éléments indiquent une occupation antérieure à la reconstruction ayyoubide : la présence d’un réduit fortifié à l’intérieur de l’enceinte, doté de sa propre porterie ; la régularité des implantations sur une partie de l’enceinte, indice d’une enceinte antérieure, probablement ruinée par une série de séismes qui affecte la région dans la seconde moitié du XIIe siècle.