La mission archéologique de Qalʿat Doubiyé est une mission française de l’Institut français du Proche-Orient, soutenue par la commission des fouilles du ministère des Affaires de l’Europe étrangères. Dirigée par Cyril Yovitchitch, elle a débuté en 2011 et s’est achevée en 2016.

Le château de Doubiyé, situé au Sud du Liban, relève de la commune de Chaqra. Parce qu’il se trouve dans une région sensible et à l’écart des grands axes touristiques, aucune mission ne s’était intéressée à lui depuis la fin du XIXe siècle. A cette époque, les Britanniques Conder et Kitchener avaient réalisé des prospections et un inventaire archéologiques de la Palestine occidentale.

La mission a procédé à un relevé topographique et architectural, accompagné de fouilles ciblées, pour répondre à des questions sur la chronologie et les programmes défensifs et résidentiels. Un relevé photogrammétrique, réalisé sur tout le site, a offert un modèle 3D du château dans son intégralité.

Le château présente deux principales phases de construction.

L’occupation médiévale

Elle est représentée par une turris du XIIe siècle comme la région en conserve de nombreux exemples. Cette tour, qui devait relever de la seigneurie du Toron, hébergeait sans doute un chevalier et sa maisonnée. Servant de poste de surveillance de la route qui reliait Damas à Tyr, elle permettait aussi de matérialiser l’autorité seigneuriale.

La céramique atteste d’une occupation mamelouke, qui n’a pu être rattachée à aucune phase de construction.

Entre archaïsme et modernité

Dans la première moitié du XVIIe siècle, la physionomie du château est entièrement transformée. Cette refortification témoigne des vives tensions dans la région entre les seigneurs chiites et l’autorité ottomane. La Qalʿat Doubiyé intègre alors sous les traits d’une forteresse mamelouke des éléments d’une modernité rarement observée au Proche-Orient. Des cheminées occupent les espaces de service comme les salles de réception et les pièces à vivre. Paradoxalement, aucun aménagement pour les armes à feu telles que des canonnières n’existe, ce qui donne des indications sur les pratiques guerrières aux XVIIe et XVIIIe siècles dans la région.