« Dans son palais, Nabuchodonosor II a construit des terrasses en hautes pierres et les a rendues semblables à des montagnes, les plantant de différentes variétés d’arbres, bâtissant et disposant les Jardins Suspendus, comme on les nomme, parce que son épouse, originaire de Médie, se languissait de ces paysages montagneux». 

C’est ainsi que le prêtre Bérose, qui vécut à Babylone au IVe siècle av. J.-C., évoque le premier les Jardins Suspendus, monuments ensuite mentionnés par Diodore de Sicile et Strabon et intégrés à la liste des Sept Merveilles du Monde.

Les sources archéologiques et textuelles babyloniennes n’apportent aucune preuve de l’existence de tels jardins à Babylone, en dépit des recherches sur le sujet depuis la redécouverte de la ville au début du XXe siècle. De fait, dans les années 1990, une nouvelle hypothèse a vu le jour : l’assyriologue britannique Stephanie Dalley a proposé que les jardins suspendus ne se situeraient pas à Babylone, mais dans l’ancienne capitale des rois assyriens, Ninive. Il existe effectivement une ancienne confusion, entretenue dans les sources classiques et l’Ancien Testament, entre Babylone et Ninive, la Babylonie et l’Assyrie, les rois Nabuchodonosor II et Sennachérib. De plus, les inscriptions royales commandées par Sennachérib relatent avec force détails la plantation de jardins dans son « Palais sans rival » de Ninive. Des bas-reliefs conservés au British Museum représentent même son jardin, figuré de manière étagée et planté de végétaux variés.

Toutefois le palais de Babylone devait bien abriter un ou plusieurs jardins. Des documents en cunéiforme retrouvés dans le Palais Sud de Nabuchodonosor II mettent en évidence un jardinier judéen, évoqué très certainement pour son métier et son expertise. Enfin quelques textes administratifs, cette fois issus d’archives de particuliers évoluant dans l’orbite palatiale de Babylone, mentionnent des « paradis » royaux, des jardins associant végétaux et animaux, bien connus des palais des souverains perses.