Comment un simple talus d’amphores découvert par 18 m de fond, à l’ouest de la presqu’île de Giens, devient un site archéologique sous-marin de référence, aussi bien pour l’intérêt scientifique de son chargement que pour les méthodes de fouilles mises en œuvre.

Une impressionnante cargaison

Dès sa découverte en 1967, l’épave est menacée de pillage. André Tchernia programme deux interventions qui laissent deviner un important gisement sous l’herbier de posidonies. Les fouilles révéleront plus de six mille amphores romaines à vin de type Dressel 1B, chargées en quinconce sur trois couches. Ces amphores ont livré, imprimés dans la terre cuite, un nombre très important de timbres qui en indiquent la provenance, la plaine de Fondi, dans le Latium, au sud de Rome. L'analyse de leur contenu a révélé du vin rouge, parfois aromatisé avec des feuilles de laurier pour mieux répondre au goût des Gaulois, destinataires de la cargaison.

1972-1982 : La première fouille scientifique exhaustive

L’équipe, initialement formée sur l’épave Planier 3, analyse très finement la coque, longue de 40 m et large de 9 m. Coulé entre 75 et 60 av. J.-C., le bateau ressemble étonnamment à celui d’une mosaïque datée du IIIe siècle apr. J.-C, celle des thermes de Thémétra, près de Sousse, en Tunisie. Il pourrait s’agir d’un myriophoros, grand navire capable de transporter dix mille amphores, soit 450 à 500 tonnes.

« On peut dire que l‘archéologie sous-marine scientifique a fait en France son apprentissage sur l’épave Planier 3. Après, c’est à Giens qu’elle a fait sa démonstration. Finalement, j’ai atteint mon objectif : montrer qu’on pouvait faire une grande fouille avec au moins autant de précision, sinon plus, que sur la plupart des fouilles terrestres » André Tchernia.