Iran - Il y a 2500 ans

Pasargades

Situé dans une plaine entourée de hautes montagnes, localisée dans la partie sud-est de la chaîne du Zagros, Pasargades est fondé par Cyrus au milieu du VIe s. av. J.-C. Le site est conçu avant tout comme un vaste parc démontrant la capacité du souverain à remodeler un environnement d’apparence austère.

Vue aérienne de la partie centrale du site de Pasargades. © Bernard-Noël Chagny. Mission archéologique irano-française « Shiraz » à Pasargades

Fondateur de l’empire achéménide, empire-monde qui du milieu du VIe s. à la fin du IVe s. av. J.-C. agrège la grande majorité des peuples cohabitant entre l’Indus et le bassin méditerranéen oriental, Cyrus décide de fonder à Pasargades, au cœur de sa région d’origine en Perse, une capitale régionale et une résidence royale. La morphologie du site tranche radicalement par rapport aux autres grands centres de l’Orient ancien. Situé dans une plaine entourée de hautes montagnes, localisée dans la partie sud-est de chaîne du Zagros, Pasargades est conçu avant tout comme un vaste parc démontrant la capacité du souverain à remodeler un environnement d’apparence austère.

La morphologie et le fonctionnement des principaux centres achéménides situés au cœur de l’empire restent encore largement méconnus. L’étude des complexes monumentaux qu’ils abritent a longtemps concentré l’essentiel des efforts des archéologues. L’archéologie moderne offre désormais de nombreux outils de prospection permettant de détecter et de cartographier depuis la surface les vestiges des agglomérations et des aménagements paysagers qui leur étaient associés. Depuis 1999, ces approches sont mises en œuvre par une mission archéologique irano-française à Pasargades, site qui pourrait constituer le prototype des grands domaines royaux et aristocratiques achéménides.

Un site « vide »

Les fouilles anciennes de Pasargades se sont concentrées sur plusieurs monuments dont les vestiges répartis sur une surface de plus de 200 ha étaient visibles en surface. Une distance de près de 2,5 km sépare l’emblématique tombe de Cyrus, au sud-ouest du site, de la plateforme en pierre de 1,5 ha construite au sommet de la colline du Tol-e Takht située au nord-est. À mi-distance, deux grands bâtiments royaux à salle centrale et à portiques à colonnes ont été dégagés ainsi que, entre les deux, un réseau de canaux en pierre. Ils irriguaient un jardin d’environ 3 ha qui constituait l’élément central du secteur royal. Non loin au nord, la façade d’une tour en pierre est conservée en élévation. Sur le Tol-e Takht, les fouilles ont mis au jour des niveaux d’occupation pour l’essentiel postérieurs à la période achéménide. Pasargades a donc longtemps été perçu comme un site « vide » dont la morphologie d’ensemble, à l’époque achéménide puis aux périodes postérieures, échappait totalement aux archéologues.

Le domaine de Pasargades

Les sources écrites achéménides concernant Pasargades sont peu nombreuses. Elles nous apprennent toutefois que des cérémonies dynastiques se tenaient à Pasargades et que le site abritait des jardins ainsi qu’un domaine intégré à l’appareil administratif régional de gestion du système de production agricole. Les prospections géophysiques conduites sur plus d’une centaine d’hectares ont révélé quelques témoins archéologiques préservés de ces diverses fonctions du site. Au nord-est du jardin royal, un réseau orthogonal de fossés devait irriguer ou drainer des terres cultivées, des champs ou des vergers. Dans ce même secteur, la tour isolée appartient à un complexe formé d’un bâtiment rectangulaire de près de 1200 m² et d’un petit jardin. Cet ensemble pourrait avoir abrité une partie des rituels attestés à Pasargades. Les bâtiments et aménagements connus font donc partie d’un plus vaste parc soigneusement aménagé et abritant des espaces de nature variée.

Maîtriser l’eau

Les précipitations dans la région de Pasargades sont très irrégulières et la maîtrise des ressources en eau est une nécessité pour irriguer les jardins et les cultures ainsi que pour se protéger des inondations. Outre les réseaux d’irrigation et de drainage, les fondateurs de Pasargades ont développé des solutions hydrotechniques sophistiquées, par exemple un grand bassin de forme trapézoïdale de près de 1,5 ha délimitant le jardin royal au sud-est. Il constituait tout à la fois un miroir d’eau ornemental ainsi qu’un réservoir pour les périodes de sécheresse. Des sondages ouverts en amont du bassin ont mis au jour les restes d’une digue massive, percée de conduites, destinées à drainer l’eau et à protéger le site lors des épisodes de crues de la rivière voisine.

Histoire longue du site

La période achéménide marque le début d’une histoire longue de l’occupation à Pasargades. Les imposantes constructions des Grands Rois achéménides sont intégrées aux occupations postérieures qui se succèdent sur le site jusqu’à la période contemporaine. Les zones d’habitats et d’activités, qui à l’époque achéménide devaient se répartir à l’est du parc au sein d’un paysage très ouvert, se concentrent ensuite autour de la colline du Tol-e Takht. À des dates différentes, la plateforme achéménide sert de point d’appui à la construction de remparts qui, au nord, protègent une zone d’occupation d’époque hellénistique de près de 25 ha et, au sud, une agglomération tardo-antique à médiévale d’au moins 8 ha.

Présentation institutionnelle

La mission irano-française « Shiraz » est soutenue :

  • en Iran par : Ministry of Cultural Heritage, Tourism and Handicrafts ; Research Institute for Cultural Heritage and Tourism ; Iranian Center for Archaeological Research ; Pasargad World Heritage Site ; Shahid Beheshti University
  • en France par : ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission consultative des recherches archéologiques françaises à l’étranger ; Agence nationale de la recherche (Projet ANR-16-FRAL-0011 PARADISE) ; laboratoire UMR 5133 Archéorient et fédération de recherche FR 3747 Maison de l’Orient et de la Méditerranée (CNRS et Université Lyon 2).

Programmes de recherche sur le site

  • 1928 : Ernst Herzfeld (début du dégagement des bâtiments à colonnes) 
  • 1933 : Aurel Stein (sondages) 
  • 1949 – 1955 : Ali Sami (début des fouilles sur la colline du Tol-e Takht ; mise en évidence du jardin) 
  • 1961 – 1963 : David Stronach (étude des bâtiments ; poursuite des fouilles sur la colline du Tol-e Takht et dans le jardin) 
  • Depuis 1999 : Rémy Boucharlat, Sébastien Gondet, Kourosh Mohammadkhani (cartographie et prospection, géoarchéologie, sondages sur l’ensemble du site) 
  • Depuis 2001 : équipes du Pasargadae World Heritage Site - Ministry of Cultural Heritage, Tourism and Handicrafts (suivi des opérations de conservation et de restauration, prospections et sondages) 
  • 2006-2007 : Alireza Askari-Chaverdi, Pierfranceso Callieri (sondages sur la colline du Tol-e Takht) 
  • 2016-2018 : Ali Mousavi (sondages autour de la tour au nord-est du jardin)

Liens utiles

En savoir plus sur Pasargades :

Articles sur le blog Hypothèses du laboratoire Archéorient :