La prestigieuse mosquée des Omeyyades de Damas marqua durablement l’esprit de ses visiteurs jusqu’à nos jours.

Une merveille de la création

Étape incontournable pour les voyageurs de passage en Orient, comme l’Espagnol Ibn Jubayr qui en fait la description en 1184, elle devint également partie intégrante des ouvrages dédiés aux merveilles de la création, au même titre que la Kaʿba à La Mecque, la mosquée du Prophète à Médine, les arbres parlants de l’île de Wak-wak et autres créatures fantastiques ou réelles. La mosquée est donc souvent représentée dans les manuscrits illustrés des Merveilles de la Création (ʿAjâjʾib al-makhlûkât), œuvre composée par le persan al-Qazwînî au XIIIe siècle qui connut un important succès à l’époque médiévale et au-delà.

Un modèle régional

Chef-d’œuvre du premier art islamique, la mosquée omeyyade pourrait trouver son modèle originel dans le plan donné à la mosquée al-Aqsa de Jérusalem par le père d’al-Walîd Ier, ʿAbd al-Mâlik, et achevée par al-Walîd lui-même (la mosquée al-Aqsa visible aujourd’hui n’est pas celle qui fut construite par les Omeyyades, mais le fruit de reconstructions ultérieures).

Cependant, c’est bien la mosquée des Omeyyades qui a inspiré différents architectes ayant œuvré dans la région. Ainsi, la mosquée fondée par al-Walîd à Alep présentait un plan similaire, ainsi qu’un même riche décor de mosaïque, qui n’ont pas été conservés dans les reconstructions successives. Le plan basilical donné à la grande mosquée de Homs en 782 – largement remaniée au XIIe siècle – s’en inspirait directement. Dans les années 960, le calife omeyyade al-Hakam II, voulant s’inscrire dans la continuité de ses ancêtres de Damas, transforma la grande mosquée de Cordoue (en Espagne) pour la doter d’un riche décor chatoyant de mosaïque sur fond doré. Le sultan Malik Shah, qui restaura la salle de prière de la mosquée de Damas, reconstruit la grande mosquée de Diyarbakir (en Turquie) en 1092, à laquelle il donne un plan presque calqué sur celui de Damas.

Enfin, c’est cette même mosquée omeyyade qui inspira l’architecte de la mosquée al-Tawba, fondée à Damas en 1234. Plusieurs siècles après son modèle, témoigne ainsi de l’aura entourant toujours l’édifice à cette date.