Se démarquant de ses prédécesseurs, le roi Sargon décida, après son arrivée au pouvoir, de quitter Assur pour s’établir dans une nouvelle capitale. Il fit le choix de fonder, en 717 av. J.-C., une ville nouvelle dans laquelle il allait bâtir un immense palais et la nomma Dûr-Sharrukîn, « forteresse de Sargon ». Le phénomène de ville nouvelle n’était alors pas inconnu en Orient, plusieurs villes ayant été fondées ex nihilo et portant le nom de leur fondateur : vers le XVe siècle av. J.-C., la cité kassite de Dûr-Kurigalzu et à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., la ville médio-assyrienne de Kâr-Tukultî-Ninurta.

Des expropriations en bonne et due forme

La zone choisie pour construire Dûr-Sharrukîn était déjà occupée par le village de Maganuba. Sargon conduisit une série d’expropriations. Toutefois, en conformité avec son rôle de souverain, il rétribua justement les habitants lésés :

« (…) je remboursai à leurs propriétaires en argent et en bronze le prix des champs de cette ville tel qu’il était stipulé dans les tablettes d’achat et afin d’éviter le mal, à ceux qui ne voulaient pas du prix de leur champ, je donnai champ pour champ là où ils le voulaient. »

(trad. S. Lackenbacher, 1990)

Un chantier sous les meilleurs auspices

Construire une ville entièrement nouvelle laissait une liberté totale à Sargon. Rien ne fut laissé au hasard, pas même le calendrier des travaux puisque ceux-ci commencèrent un jour jugé favorable d’un point de vue religieux. Il conçut cette capitale à son image, jusqu’à en fonder les proportions sur la base d’une symbolique liée à sa personne :

« De 16 283 grandes coudées, ce qui est la valeur de mon nom, j’ai établi le périmètre de son rempart. »

(trad. S. Lackenbacher, 1990)

Le lien entre ce nombre et le nom de Sargon n’a pas été élucidé.