Sur la base des données paléoenvironnementales (notamment les ressources disponibles et leur répartition dans le paysage), on peut estimer entre 50 et 200 le nombre de personnes qui habitaient l’actuel territoire de la Suisse au Magdalénien. D’après les matériaux siliceux couramment utilisés, on peut considérer que ce territoire était divisé en cinq ou six petites régions, chacune étant occupée par 25 personnes en moyenne. Ces groupes régionaux entretenaient des contacts réguliers avec d’autres communautés proches et lointaines, d’origines géographiques très diverses. Ce vaste réseau de communication explique sans doute l’étonnante unité technique et stylistique de certaines productions à l’échelle de l’Europe tout entière malgré la très faible densité de population. 

Globalisation à l’échelle de l’Europe

En Suisse, les matériaux « exotiques » utilisés comme éléments de parures, tels que les coquillages fossiles et le jais, ont des origines variées et pluridirectionnelles incluant le Bassin de Mayence, le Bassin de Paris et la région du Haut-Danube. Un coquillage marin récent trouvé dans la grotte de Kohlerhöhle provient même de la zone méditerranéenne. Le Rhône, l’Aar, le Rhin et le Danube constituaient les axes de circulation privilégiés de ce réseau d’échanges entre des groupes parfois éloignés les uns des autres de plusieurs centaines de kilomètres. Ces liens entre communautés étaient entretenus pour des besoins sociaux (« mariages » par exemple) et pour surmonter d’éventuelles crises. 

D’après la répartition spatiale des sites et les variétés de silex utilisées dans les différents campements suisses, les groupes se déplaçaient essentiellement le long du pied sud du Jura et ne traversaient pas la Haute-Chaîne de cet arc montagneux. Aucun indice ne permet non plus de penser que le massif des Alpes, encore partiellement recouvert de glaciers et présentant des versants instables, aurait été traversé.

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