Destinée à servir d’aide-mémoire et de règle à calcul, cette échelle, ou calibre, de canonnier est façonnée en buis et pourvue d’indications sur toutes ses faces. Un tableau gravé sur l’une de ses faces planes indique le type de pièce d’artillerie, le poids de poudre noire et celui des boulets à utiliser, le tout en livres anglaises. Le bord inférieur présente une série de graduations en pouces tandis que le bord supérieur de l’échelle est sculpté en degrés, de façon à renseigner le canonnier sur le calibre de la pièce. Il suffisait, pour ce faire, d’introduire l’échelle dans la bouche du canon afin d’en mesurer le diamètre intérieur. 

L’échelle fait référence à des pièces d’artillerie de type faucon, sacre, mignon et couleuvrine, qui relèvent d’une artillerie déjà supplantée dans la marine royale française du début du XVIIIe siècle par les calibres normalisés de 4, 6, 8, 12, 18 et 24 livres de balle. L’indication 1648, gravée sur l’une des faces planes de l’objet, indique certainement l’année où il fut réalisé, tandis que les lettres IC, qui désignent sans doute son auteur, ont été identifiées comme les initiales de John Chatfield, fabricant anglais d’instruments scientifiques, actif à Londres entre 1630 et 1650. 

Au delà de son intérêt exceptionnel pour l’histoire des techniques, la présence d’une telle échelle de canonnier à bord de la frégate la Dauphine est surprenante. Cet instrument devait être précieux à celui qui le détenait, bien qu’il ne puisse l’utiliser pour les canons du roi. On peut du même coup supposer que l’armement corsaire devait conduire, au gré des prises réalisées en course, à utiliser des pièces d’artilleries disparates et parfois presque hors d’âge.