Au Crac des Chevaliers, un pôle d’hygiène était concentré dans le secteur nord du noyau primitif du château. Au rez-de-chaussée, il occupait la portion nord du mur arrière de l’enceinte, et se présentait sous la forme d’une succession de douze latrines. À la fin du XIIe siècle, une véritable tour dédiée aux latrines fut construite dans ce secteur, offrant une douzaine de lieux d’aisance supplémentaires desservant le niveau supérieur du château. Précédés par une vaste salle, les lieux d’aisance se déversaient par un conduit vertical dans trois grands mâchicoulis sur arc. Une autre série de quatre latrines occupe le flanc droit de la tour, près du chemin d’accès à la poterne. Son entrée est située en dehors de la tour, ce qui pourrait indiquer qu’elle était à destination de ceux qui œuvraient au niveau des lices. Ce pôle d’hygiène était complété par d’autres lieux d’aisance construits sur la seconde enceinte.

On observe un programme similaire dans d’autres places fortes l’ordre : au château du Marqab, où deux saillants rectangulaires possédaient un bloc de latrines en terrasse, et à Saint-Jean d’Acre, où une tour des latrines, érigée dans le quartier des Hospitaliers, totalisait 35 sièges.

Manifestement le respect de l’intimité ne primait pas sur la volonté de rationaliser les espaces de vie et de combats dans ces grandes forteresses construites par les ordres militaires, peuplées de moines-soldats rompus à la vie en collectivité.